Un enfant sur cinq présente des signes de troubles psychiques avant l’âge de 18 ans, selon l’Organisation mondiale de la santé. Les conséquences ne se limitent pas à l’apprentissage ou aux relations sociales : elles influencent aussi la croissance physique et l’avenir professionnel.
L’accès au soutien professionnel varie fortement d’une région à l’autre et reste souvent entravé par la stigmatisation. Pourtant, une prise en charge précoce permet de limiter durablement les répercussions sur le parcours de vie.
Pourquoi la santé mentale des enfants mérite toute notre attention
Depuis peu, le mot santé mentale s’impose dans les discours officiels, mais sa réalité pour un enfant reste trop souvent reléguée à l’arrière-plan. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la décrit comme un état de bien-être qui permet à chacun de développer ses capacités, de surmonter les difficultés du quotidien, de participer activement à la société. Ce socle invisible n’a rien d’un luxe ou d’un détail. Il façonne l’équilibre global de l’enfant : sa capacité à apprendre, à nouer des liens, à se projeter dans un environnement changeant.
L’étude Enabee, conduite par Santé publique France avec le soutien du ministère de la Santé et de l’Éducation nationale, a révélé des chiffres qui ne laissent plus place au doute : 8,3 % des enfants de 3 à 6 ans présentent déjà une difficulté probable en santé mentale, et ce taux atteint 13 % chez les 6-11 ans. Ces données, désormais publiques, mettent en lumière une réalité longtemps ignorée : pour une partie des enfants, les troubles psychiques s’installent durablement et pèsent sur tous les aspects de leur développement.
Vers une grande cause nationale
La santé mentale des enfants sera portée au rang de grande cause nationale en 2025. Cette mobilisation, annoncée par l’alliance pour la santé mentale, entend renforcer l’information, le repérage, l’accès aux soins et la lutte contre les préjugés. Parmi les priorités, la promotion des compétences psychosociales (CPS), soutenue par Santé publique France, s’impose comme un axe décisif. Ces compétences , savoir gérer ses émotions, échanger avec les autres, trouver des solutions aux conflits , se construisent très tôt et offrent une protection durable.
Pour mieux cerner cette dynamique collective, voici les principaux axes d’action mis en avant :
- Reconnaître la santé mentale comme une dimension fondamentale du développement
- Mettre en œuvre un repérage précoce dans les écoles et lieux de vie
- Former les adultes, parents, enseignants, professionnels du soin et du social
La convention internationale des droits de l’enfant confie à l’État la responsabilité de garantir ce bien-être. Il n’est plus possible de laisser la question du mal-être à la seule sphère privée : la santé mentale des enfants engage l’ensemble de la société, sans demi-mesure.
Quels signes peuvent alerter sur le mal-être ou les difficultés psychiques chez l’enfant ?
Déceler une souffrance psychique chez l’enfant demande une attention constante, sans attendre des signaux spectaculaires. L’enfant qui se replie, qui s’isole, qui perd l’appétit ou dort mal, celui qui s’agite sans raison claire : autant d’indices qui, pris isolément, semblent anodins, mais dont la répétition doit alerter.
L’étude Enabee met en avant que près de 13 % des 6-11 ans présentent déjà un trouble probable de santé mentale. Les signes varient : tristesse persistante, irritabilité inhabituelle, colères fréquentes, difficultés à se concentrer ou à suivre les consignes. Parfois, le mal-être s’exprime à travers des douleurs physiques tenaces (ventre, tête) sans cause médicale identifiable. D’autres changent brusquement de comportement, deviennent agressifs ou, au contraire, s’effacent.
Certains contextes accroissent les risques : la précarité, la séparation parentale, la maltraitance ou le placement exposent davantage les enfants aux troubles psychiques. Ceux accueillis par l’Aide sociale à l’enfance sont cinq fois plus concernés que les autres. La pandémie et les confinements ont encore accru ces vulnérabilités.
Voici les signes à surveiller de près au fil du temps :
- Retrait social, perte d’intérêt pour les activités habituelles
- Changements dans l’humeur ou le sommeil
- Difficultés scolaires inexpliquées
- Troubles du comportement : agitation, agressivité, opposition
- Symptômes somatiques récurrents
La détection précoce s’appuie sur la vigilance partagée : parents, enseignants, professionnels de santé. La santé mentale de l’enfant ne relève pas d’un secret de famille : elle concerne le collectif, au service du meilleur intérêt de l’enfant.
Comprendre l’impact de la santé mentale sur le développement et le bien-être au quotidien
Au fil des années, la santé mentale des enfants s’est imposée comme un enjeu de santé publique. L’étude Enabee, pilotée par Santé publique France et le ministère de la Santé, a mis en lumière les répercussions des troubles psychiques dès le plus jeune âge : 8,3 % des 3-6 ans, 13 % des 6-11 ans font face à des difficultés probables. Il ne s’agit pas d’exceptions : troubles anxieux, dépressifs, difficultés d’attention ou de comportement entravent le développement global, l’accès aux apprentissages, la vie sociale.
Les conséquences dépassent largement la sphère scolaire. Un trouble ignoré ou non accompagné affaiblit la capacité de l’enfant à tisser des liens stables, à s’intégrer à un groupe, à développer ses compétences psychosociales. La santé mentale, cette dynamique de bien-être définie par l’OMS, pèse sur l’épanouissement, la confiance en soi, la construction d’un projet de vie. Quand la santé mentale vacille, le parcours scolaire en subit les secousses.
Dans certains milieux, la fragilité explose : enfants placés, mineurs isolés, jeunes confrontés à la précarité ou à la violence. Les ruptures de parcours, le manque de coordination entre l’aide sociale à l’enfance et la pédopsychiatrie, aggravent les difficultés. Inégalités territoriales, accès restreint aux soins, absence de prévention structurée : autant d’obstacles qui freinent la prise en charge. La santé mentale des enfants ne s’arrête pas au seuil de l’individu : elle engage la société, les institutions, les politiques publiques.
Ressources et soutiens : vers qui se tourner pour aider un enfant en difficulté ?
Lorsqu’un enfant traverse une période de détresse psychique, il devient urgent d’identifier les bons relais. Les parents sont souvent les premiers à repérer un changement et à chercher conseil. Le médecin traitant reste une porte d’entrée privilégiée, tout comme le psychologue scolaire ou l’infirmier·e de l’Éducation nationale. Ces professionnels du quotidien sont formés pour détecter les premiers signes et orienter vers des dispositifs adaptés.
La prise en charge peut ensuite s’appuyer sur les Centres Médico-Psychologiques (CMP), les Maisons des Adolescents (MDA) ou encore des initiatives récentes comme Mon soutien Psy, accessible depuis 2022 sur prescription médicale, huit séances remboursées par l’Assurance maladie, pour un accompagnement rapide. Pourtant, les enfants suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) restent trop souvent en marge de ces dispositifs, faute de coordination entre services ou en raison du manque de professionnels disponibles.
Pour mieux s’orienter, voici les interlocuteurs clés vers qui se tourner :
- Psychologue : repérage, accompagnement, soutien à la parole.
- Pédopsychiatre : évaluation, diagnostic, suivi médicamenteux si besoin.
- Enseignants et personnels éducatifs : relais d’alerte, intégration des compétences psychosociales dans les pratiques pédagogiques.
- Structures spécialisées pour les mineurs non accompagnés : Maison de Solenn, centre Georges Devereux, centre Primo Levi.
La formation continue de tous les professionnels, la diffusion d’outils comme le kit empathie, sont autant de leviers pour renforcer la prévention et le repérage précoce. L’Alliance pour la santé mentale œuvre à décloisonner les pratiques, informer, soutenir les familles et combattre la stigmatisation dès le plus jeune âge. Dans le regard que nous portons sur la santé mentale des enfants, se joue une part de leur avenir. Ignorer ces signaux reviendrait à fermer les yeux sur une réalité qui, elle, ne disparaît pas.


